LE RENDEMENT DU RESEAU D’EAU POTABLE

Le niveau de rendement d’un réseau de distribution d’eau potable peut être amélioré et maintenu à une valeur maximale possible grâce à la mise en œuvre des actions suivantes :

• La mise en place d’un système d’information géographique ;
• La sectorisation du réseau ;
• Les étages de distribution et modulation de pression ;
• Le renouvellement du réseau et des équipements vétustes;
• Le contrôle du comptage d’eau;
• La détection et réparation des fuites;
• La mise en place d’un système de télégestion.

Nous décrivons ci-après la consistance de chacune des actions précitées :

1 – LA MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’INFORMATION GEOGRAPHIQUE

Dans le but de bien connaitre son réseau il est indispensable d’avoir un système d’information géographique (SIG). Cela permettra de prendre les bonnes décisions et d’adopter les bonnes solutions tels que la sectorisation, le programme de renouvellement des conduites vétustes ainsi que la célérité dans les interventions sur le réseau.

Le SIG doit représenter une image fidèle du réseau. Pour cela il faut toujours vérifier les données avec les plans de recollement disponibles, les résultats des sondages in site et les données d’exploitation.

2 – LA SECTORISATION DU RESEAU :

            Sans la sectorisation du réseau la recherche d’une fuite souterraine inapparente peut prendre des jours voire des mois causant ainsi des pertes d’eau énormes. Par conséquent il n’est plus permis de gérer un réseau non sectorisé.

            En prenant compte des contraintes d’exploitation (Qualité de l’eau, pression de distribution) le réseau doit être divisé en plusieurs secteurs dont la taille de chaque secteur permet son balayage par le ou les équipes de détection des fuites en moins de 24 heures. Chaque secteur est alimenté par une seule entrée sur laquelle est monté un débimètre. Selon les contraintes d’exploitation on peut adopter des secteurs isolés en permanence ou provisoirement le temps de faire les mesures et d’effectuer les opérations de détection et réparation des fuites inapparentes.

Il est important de vérifier l’étanchéité des robinets vannes de séparation entre secteurs.

            Le choix des débimetres est très important. Ces débimetres doivent permettre trois possibilités de lecture des débits minimum de nuit :

• Lecture directe sur l’afficheur du débimetre ;
• Lecture par transmission à distance (Wifi, infrarouge, …) vers un PC portable en passant à côté du regard où est installé le débimetre ;
• Par transmission (Réseaux mobile Data, Radio, …) vers un système de télégestion

Ces trois possibilités assurent la continuité de contrôle des secteurs en cas de défauts au niveau des systèmes de transmission.

            Pour les débimètres qui enregistrent des volumes à facturer ou à enregistrer dans les rapports de gestion ou dans le calcul des rendements on optera pour des débimetres précis. Pour les débimetres utilisés uniquement pour la mesure des débits minimum il faut concilier entre le prix du débimetre et la précision de mesure étant donné que le débit minimum est une valeur relative par rapport à la taille, au débit max et moyen du secteur.

De préférence il faut opter pour des débimetres autonome alimentés par piles (autonomie minimale de 5 années) à installer dans des zones non inondables (éviter les points bas)

Il faut toujours disposer d’un stock suffisant de débimetres pour remplacement immédiat en cas défaillance des débimetres posés.

3 – LES ETAGES DE DISTRIBUTION ET MODULATION DE PRESSION

Une pression excessive est une source de problèmes au niveau des zones relativement ancienne du réseau.  D’où la nécessité de diviser le réseau en plusieurs étages ou sous étage de pression. En cas où les réservoirs ne permettent pas d’éviter une pression élevée dans certaines zones il est impératif d’installer des régulateurs aval de pression avec ou non une modulation horaire selon les cas.

Dans les anciennes zones dès que la pression dépasse 3 bars les fuites se multiplient et les débits correspondants augmentent entrainant des interventions fréquentes des équipes de détection et réparation des fuites.

4 – LE RENOUVELLEMENT DU RESEAU ET DES EQUIPEMENTS VETUSTES.

Les tronçons ciblés par le programme de renouvellement comportent :

• Les canalisations vétustes identifiées par le SIG ou dans le cadre des opérations de détection et de réparation de fuites ;
• Les tronçons caractérisés par des baisses de pression importante engendrées par la corrosion des canalisations ;
• Les canalisations qui n’assurent plus la bonne qualité de l’eau malgré le renforcement du traitement à l’amont.

5 –  LE CONTROLE DU COMPTAGE D’EAU :

Il faut mettre en place une procédure de vérification systématique du comptage au niveau de l’ensemble des débimetres à l’entrée des réseaux, des étages, des secteurs et des sous-secteurs qui consiste en :

• Le suivi quotidien des variations des volumes d’eau au niveau de différents points ;
• Le rapprochement journalier, mensuel et annuel entre les volumes entrants et les volumes sortants au niveau des réservoirs.

L’amélioration de la gestion du parc compteurs au niveau des branchements particuliers permet un meilleur suivi des consommations et limite le gaspillage chez les abonnés alimentés par des compteurs défectueux.

Les opérations à réaliser dans ce cadre se résument comme suit :

• Réalisation d’une compagne de vérification et de recensement physique des compteurs , ce qui permet la mise à jour systématique des fichiers compteurs ;
• Classement des compteurs par tranche d’âge, par type et par marque et remplacement des compteurs de plus de 10 ans de fonctionnement ;
• Etalonnage systématique des compteurs de diamètres 15 à 40 mm avant la pose ;
• Plombage ou coquille antifraude des compteurs et suivi régulier de ceux des gros consommateurs soumis à un étalonnage périodique (Bornes fontaines, Bains maures, Industriels,…etc.)
• Relevé effectif mensuel de l’ensemble des compteurs et mise en place d’une procédure de vérification des résultats de relevé. Cette opération permet de réduire les délais de changement des compteurs défectueux, de déceler les situations frauduleuses et de limiter en conséquence le gaspillage chez les abonnés dont la consommation réelle et supérieure aux quantités facturées. 
• Rapprochement entre les volumes d’eau enregistrés par les débimetres de secteur et les volumes d’eau enregistrés par les compteurs au niveau des branchements.

6 – LA DETECTION ET REPARATION DE   FUITES :

La détection et réparation des fuites doivent être organisées en équipes qui se relaient jours et nuits. Certains procédés basés sur des corrélation et auscultation acoustiques sont à exécuter de préférence la nuit.

L’analyse quotidienne des variations du débit de nuit et des volumes d’eau pour chaque secteur permet de délimiter les zones à risque et d’orienter en conséquence les opérations de détection de fuites.

Les compagnes de mesure de pression dans les zones à risque permettent de délimiter en fonction de la variation du niveau piézométrique, les secteurs nécessitant des opérations de détection d’une part et de régler la pression à des niveaux  de distribution normale d’autre part (Pose d’appareillage de régulation).

Toute variation non justifiée est considérée comme indicateur de nouvelles fuites non apparentes et donne lieu à une compagne de recherche des fuites non apparentes.

L’opération de détection est réalisée en plusieurs étapes :

• Prélocalisation par enregistreurs de bruit (pose des sondes pendant la nuit) ;
• Ecoute par appareils acoustiques ;
• Corrélation acoustique pour localisation précises des fuites ;
• Utilisation de gaz inerte pour les conduites où la corrélation ne donne pas de résultats.

7- SYSTEME DE TELEGESTION :

Un système de télégestion des installations d’eau potable a plusieurs objectifs      qui sont :

• L’intervention immédiate dans le cas de zones fuyardes ;
• Eviter les dysfonctionnements chez les consommateurs (coupures d’eau, etc.)
•  Le suivi en temps réel des différents paramètres clés du système d’alimentation en eau potable depuis la production jusqu’à la distribution.
• Amélioration de l’automatisation des sites en vue d’optimiser :
  • Les ressources
  •   Les procédures de traitement
  •   Les consommations d’énergie et des réactifs ainsi que les coûts d’exploitation
  •  La protection de  l’environnement

• Contrôle, gestion et action à distance pour améliorer et optimiser les conditions d’exploitation

• Archivage de l’ensemble des données issues de la supervision et mise en place des outils de gestion (bilan, etc…).

Ce qui nous intéresse ici c’est d’avoir rapidement les données de débit et de pression pour chaque secteur et de paramétrer les seuils d’alarme pour orienter les opérations de détection des fuites inapparentes.